Le vent a soufflé et ils sont repartis ... L'équipe de la maraude du Secours populaire organisait son traditionnel week-end à la mer pour des personnes sans abri, les 25 et 26 juin 2016 en Normandie. Ils était une trentaine à partir. Voici le récit émouvant d'une bénévole.
Récit d'une bénévole
Album photos du week-end, c'est par ici !
9 h pétante, tous les candidats au week-end à la mer sont là !
Les yeux qui brillent, le sourire aux lèvres, ceux qui ont déjà participé au week-end à Saint-Valérie-en-Caux, trépignent d’impatience de fouler à nouveau les galets de la plage de Saint Val’, « même si les galets, ça fait mal aux pieds ! ».
Les yeux qui brillent, le sourire aux lèvres, les nouveaux participants trépignent eux aussi d’impatience de connaître Saint Val’ parce que « on nous en a tellement parlé ! ».
Encore quelques heures de patience, on passe les bouchons habituels de la sortie de Paris, le périph, l’autoroute et déjà, les paysages s’élargissent :« d’habitude, le plus loin que je peux voir, c’est au bout d’un boulevard. Alors que là, c’est beau ! » lance Younes. Les paysages de Normandie défilent et tout au bout, la mer …
En arrivant au gîte, tout le monde est pressé d’investir les lieux. Il faut rassurer, parfois accompagner pour que tout le monde trouve un lit à sa convenance. Les filous des années précédentes connaissent déjà les lieux et se choisissent les chambres avec vue sur la mer ; mais ils savent aussi partager avec les nouveaux et leur faire profiter de ce privilège.
Le pique-nique est vite avalé car tous ont déjà la tête ailleurs…
Les maillots de bain sont enfilés, les lunettes de soleil sur le nez, le groupe se dirige (enfin) vers la mer !
En débouchant du port, on découvre les hautes falaises qui surplombent la plage de Saint val’ : déjà venus comme les novices, tous s’arrêtent un instant pour les admirer.
« ouf ! elles sont toujours là ! j’avais peur qu’ils l’aient enlevées ! » plaisante Alain. La mer est haute, les vagues roulent et se brisent sur les galets en éclaboussant celui qui s’approche trop près. Isabelle et Malika s’avancent avec précaution jusqu’au bord pour y tremper le bout du pied, quand Valery et Didier se sont déjà jetés à l’eau. Muriel et Agnès les suivent mais, se jeter à l’eau n’est pas si aisé quand la mer est à 16°C et que les gros galets font mal aux pieds. Ceux restés sur les marches de la digue regardent goguenards les courageuses maraudeuses gesticuler pour s’immerger totalement sans trop souffrir. Quelques brasses plus tard, tous les nageurs sortent de l’eau, se ruent sur leurs serviettes en commentant la baignade vivifiante et iodée.
Il est temps de remonter au gîte pour le départ vers Fécamp.
A l’embarcadère, le vieux gréement nous attend. Certains ne sont jamais montés sur un bateau et appréhendent leur ressenti en mer, mais « Asté » et Thomas, les deux membres d’équipage savent mettre en confiance et occupent les esprits avec les règles de sécurité et les consignes pour hisser la grande voile. En sortant de l’embouchure du port, les premières vagues balancent le bateau, le plancher bouge sous les pieds et les premières sensations arrivent et font sourire. Thomas donne les dernières consignes, chacun se place, prêt à tirer sur les cordages et au signal… hissez !
La voile est levée grâce à l’effort coordonné des apprentis marins. La voilure se tend dans une bourrasque de vent et le bateau prend de la vitesse, saute d’une vague à l’autre et file « vers l’Angleterre ? »…
Le vent fait gonfler les chemises et ébouriffe les cheveux. Isabelle, assise à l’arrière profite de la balade la tête en l’air admirant le ciel bleu. Valery regarde l’air pensif les falaises qui défilent sous ses yeux. Younes scrute l’horizon à la proue du bateau pendant que Asté, le capitaine du gréement, raconte des histoires de marins. Les questions fusent : « Dites capitaine, vous savez nager, au moins ? », le capitaine répond « non, pas besoin ! je navigue moi, je suis pas plongeur ! ».
Mais c’est déjà le retour au port. Thomas fait visiter la cale du bateau, les quartiers des matelos, la cuisine, les couchages.
Avant de nous quitter, Asté nous offre les maquereaux qu’il a pêché le matin même en pleine mer.
Sur le chemin du retour, on parle grand mat, ciel bleu et vent marin. Les récits du capitaine ont fait sensation (presque autant que sa moustache gauloise).
Comme chaque année, Fred et Hervé nous ont préparé un dîner de chef : crevettes roses, crevettes grises, bulots, pizza maison, flamenkuchs maison, fromage, tartes maison aux fruits rouge et crème pâtissière.
Agnès prépare les maquereaux du capitaine en suivant scrupuleusement sa receette et les sert sur du pain grillé, en guise d’apéro.
La soirée aurait pu être courte après une telle journée, mais le cœur à la fête, personne n’est prêt à aller se coucher. Quelques-uns ont encore un peu d’énergie pour esquisser quelques pas de danse tandis que les autres restent assis et discutent ensemble. Peu à peu la fatigue gagne tout le monde et le gîte s’endort bien vite.
Le lendemain matin, réveil en douceur au son des cris des mouettes. Alain et Pirate se sont levé aux aurores et ont déjà rapporté baguettes, croissants et pains aux chocolats.
Après le petit déjeuner, le groupe se dirige vers la plage. Petite séance photo devant la mer à marée basse pour garder un souvenir de ce week-end, on fait en particulier des photos pour la classe de l'école de la rue Vaucanson en collaboration avec Copains du monde. Quelques courageux récidivent comme la veille et se jettent à l’eau (toujours aussi froide) pour quelques brasses salutaires. Les autres restés sur le sable, les regardent au loin, flânent sur la plage, s’avancent timidement et trempent un pied, admire les falaises, s’isolent un peu pour profiter de quelques instants, seul, face à la mer…
De retour au gîte, un bon déjeuner préparé par Fred et Hervé nous attend. Les omelettes aux fines herbes sont dévorées avec gloutonnerie.
Le rangement du gîte est fait en commun, tout le monde y met du sien et en moins d’une demi-heure, le ménage est fait.
On met les bagages dans les coffres et on reprend (déjà) la route vers Paris.
Au moment des au revoir, chacun a le sourire, se sent détendu et la tête pleine de souvenirs. Certains ne se reverront que l’an prochain, alors on s’embrasse en se promettant de se retrouver dans un an ; d’autres se reverront dès la semaine suivante au cours des maraudes quotidiennes et tout au long de l’année.
Quoiqu’il en soit, juin 2017, tous à Saint Val’ !