Élue au comité national du Secours populaire français, Annie-Claire Cottu s’est rendue sur l’île de la Dominique avec un autre membre de la mission du SPF présente aux Antilles. Ils ont pu apporter une première aide d’urgence et évaluer les besoins des populations durement frappées par les ouragans.
Interview de Annie-Claire Cottu membre de la mission du SPF présente aux Antilles
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ou choqué en arrivant sur l’île de la Dominique ?
Annie-Claire Cottu : Tout est choquant : sur place, c’est comme s’il y avait eu une bombe atomique. Il n’y a plus du tout de nature : toutes les cultures ont été impactées et les arbres n’ont plus une seule feuille. Les dégâts sont considérables. Il faut rétablir l’électricité, les communications et l’accès à l’eau.
Quelle aide avez-vous pu apporter ?
Nous sommes arrivés de Pointe-à-Pitre en voilier, avec un fret réduit. Sur place où nous sommes restés à peine vingt-quatre heures, nous avons distribué une centaine de bâches et des pastilles pour purifier l’eau. Nous avons surtout évalué les besoins.
Quels contacts avez-vous établis avec la population ?
Le premier jour, samedi 30 septembre, nous avons visité les quartiers de Portsmouth, avec l’ancien maire de la ville, Adenauer Douglas, qui représente le comité des maires de Portsmouth, à la suite du passage des ouragans. Le dimanche matin, nous avons rejoint le territoire automne géré par les Amérindiens caraïbes. Nous avons rencontré le chef de cette communauté.
Dans quelle situation se trouvent-ils ?
Ils ont regroupé dans des écoles les personnes qui n’avaient plus de toits. Ils ont accès à des sources, donc à l’eau. Le problème, c’est le manque de nourriture. Leurs cultures ont été détruites : il n’y a plus rien. Ils souffrent de la faim et s’en plaignent auprès du chef de la communauté. Je ne sais pas comment cela va se terminer.
Peut-on déjà envisager des solutions à long terme pour reconstruire la Dominique ?
Aujourd’hui dans un premier temps, c’est l’urgence et comment convoyer sur place cette aide : des bâches supplémentaires et surtout de l’aide alimentaire, principalement des produits secs – pâtes, riz, huile, sucre… L’un des problèmes majeurs reste la difficulté d’accès à l’île et donc d’acheminement de cette aide. En ce moment, il y a une grande solidarité entre les îles. Dans les premiers jours, La Dominique a beaucoup soutenu Saint-Martin, qui à son tour envisage d’envoyer des containers à La Dominique.
La vie sur l’île de Saint-Martin, où vous vous trouvez actuellement, est-elle revenue à la normale ?
La vie reprend, mais tous les commerces ne sont pas ouverts. Il reste encore beaucoup d’habitants sans logements qui ont besoin de bâches. Notre action sur place va s’ancrer dans le temps et il faut continuer de collecter et d’être solidaire.