Réunis le mardi 20 septembre 2011 à Bruxelles, les ministres européens de l’agriculture n’ont pas réussi à s’accorder sur l’avenir du Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) et ont, une nouvelle fois, différé la décision.
Les Banques Alimentaires, la Croix Rouge française, les Restos du Cœur et le Secours populaire français déplorent une décision qui hypothèque l’avenir de millions d’Européens démunis, et constatent que malgré tout le travail d’alerte, d’anticipation et de conviction effectué ces derniers mois, le Gouvernement français n’est pas parvenu à convaincre ses collègues de la minorité de blocage.
Que faut-il faire pour être entendu ? Quand la Commission européenne, 85 % des députés européens et 19 États membres sont favorables à l’évolution immédiate du règlement pour éviter une crise alimentaire majeure dès 2012 ! Est-il supportable que 6 pays s’opposent au principe de solidarité ? (Allemagne, Royaume-Uni, République Tchèque, Suède, Danemark, Pays-Bas)
Derrière cette décision, se cache la détresse d’enfants et de familles, de personnes âgées, de chômeurs, de travailleurs pauvres, de jeunes… qui ne parviennent pas à se nourrir.
La prochaine réunion des ministres européens aura lieu fin octobre. D’ici là, les associations françaises ne baisseront pas les bras pour sauver les 130 millions de repas distribués en France grâce au PEAD et ainsi éviter une crise alimentaire indigne de l’Europe.
Ce nouveau temps européen doit être mis à profit au plus haut niveau de l’Etat pour effriter et convaincre la minorité de blocage.
Pour éviter la catastrophe annoncée, nous comptons sur l’implication totale du Gouvernement français qui a désormais une obligation de résultat.
Quand la crise frappera l’Europe et la France, nul ne pourra dire qu’il ignorait la gravité de la situation !
Depuis le mois de juin 2011, le SPF a appris que le programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) allait être diminué de 367 millions d'euros en 2012. Reportage à la fédération de Paris.
Défense de l’aide aux plus démunis
Jusqu’en 2013, le fonctionnement du PEAD est basé sur les excédents agricoles de l’Union européenne. Un pourcentage de produits émanant de ces surplus est confié aux associations humanitaires via les États d’Europe et est destiné aux plus démunis.
Depuis quelques années, l’Office mondial du commerce a recommandé la suppression de ces stocks et la révision de la politique agricole commune de l’Europe sur ce sujet. Au fil des années, et suivant les conjonctures, les surplus ont disparu ou disparaissent petit à petit. Dans le même temps, les besoins en aide alimentaire se sont multipliés.
La Commission européenne a dû compléter le manque de surplus nécessaire au PEAD par une enveloppe financière. En 2009, il n’y a pas eu de surplus. Elle a dû verser une enveloppe de 500 millions d’euros (480 pour l’achat de produits et 20 pour les frais de logistique et de transport). Grâce à ce système d’ajustement, le PEAD a ainsi pu être reconduit dans des quantités identiques, notamment en 2008 et en 2009.
Or, un certain nombre de pays* qui ne souhaitent pas bénéficier du PEAD ne sont pas favorables à ces "aides financières" car, selon eux, cette aide doit reposer uniquement sur des surplus agricoles. Ils ont donc porté plainte contre ce mode de fonctionnement. Interprétant un article du règlement européen du dispositif du PEAD, la Cour européenne de justice a considéré que le recours au complément financier ne peut exister que de façon marginale.
Allemagne, Autriche, Royaume-Uni, Suède, Danemark, Pays-Bas et la République tchèque.
Les associations mobilisées
Concrètement, une telle décision entraîne, pour l’année 2012, un budget du PEAD uniquement basé sur les surplus. Soit un budget d’un montant de 113 millions contre 480 millions d’euros en 2010, pour 20 pays, c'est-à-dire une baisse de 75%. En ce qui concerne plus particulièrement la France, le budget passera de 72 millions d’euros à 15,8 millions d’euros. Une telle décision a bien évidemment des conséquences dramatiques sur les actions de solidarité en direction des familles.
Pour sa part, le SPF a une position claire qu’il a toujours défendue. Les années où les stocks sont insuffisants, la Commission européenne doit être autorisée à débloquer de l’argent pour que les associations puissent continuer à aider les familles. En Europe, 18 millions d’Européens de 20 pays reçoivent une aide alimentaire grâce au PEAD. À l'échelle nationale, 3,5 millions de personnes sont soutenues par ce programme mis en oeuvre par 4 associations ( la Croix-Rouge française, les Banques alimentaires, les Restos du coeur et le Secours populaire). Pour le Secours populaire, qui a distribué 90 millions de repas en 2010, le PEAD représente plus de la moitié de cette aide alimentaire. Ces quelques chiffres permettent de mesurer l’ampleur de ce qui va arriver en 2012.
Danger pour les familles
Dans les fédérations du SPF, cette décision provoque émoi et colère. Alors que le nombre de personnes aidées ne cesse d’augmenter d’année en année, on ne peut envisager de réduire l’aide européenne. Pour Sonia Serra, secrétaire générale de la fédération des Bouches-du-Rhône, cette annonce est lourde de conséquences : "Nous sommes choqués par l’abandon programmé de l’aide alimentaire européenne. Concrètement, cela signifie que, pour les 10.000 familles des Bouches-du-Rhône qui bénéficient d’une aide alimentaire, tous les quinze jours, la quantité de produits frais et de conserves devra être réduite de moitié." Dans l’Yonne, pour les Icaunais, même réaction. Sur les 12 tonnes annuelles distribuées aux 2.800 bénéficiaires icaunais, 8 proviennent de l’Union européenne. Pour Laetitia Pillut, responsable administrative du Secours populaire de l’Yonne : "La crainte, c’est qu’on ne puisse plus répondre à la demande des familles. C’est une vraie mise en danger de la population. Certains seront sans doute amenés à mendier."
Quoi qu’il en soit, il n’est pas question pour les dirigeants du SPF de choisir entre les plus pauvres des pauvres. C’est pourquoi, depuis trois mois, dans les antennes et les comités, les responsables réfléchissent à une réorganisation pour répondre à ces nouvelles contraintes. Mais surtout, tous comptent bien que toutes ces réactions vont permettre la mise en place d’un système pérenne d’aide alimentaire en Europe.
Réagissons !
Parce que nous nous sentons tous concernés par cette situation,
Parce que les conséquences seront catastrophiques pour les plus démunis d'entre nous,
Je réagis contre cet état de fait intolérable : j’écris. Ma parole est essentielle, elle sera transmise aux décideurs français et européens et au grand public.